J’ai récupéré un jour à Arles, cette commode Régence en placage de bois de violette en frise et encadrements, à la demande de ses propriétaires, afin de lui rendre son aspect d’origine bien terni par le temps passé dans cet endroit non dépourvu de belles pièces.
Une fois sortie de ce très bel hôtel et acheminée par d’improbables ruelles étroites autour des arènes, nous n’avions pas pu reconnaître une éventuelle estampille qui au dire de ses propriétaires devait se trouver comme souvent sur le dessus de la commode et donc sous le marbre.
Quoiqu’il en soit, il s’agissait d’un très beau modèle baroque, caractéristique par son renflement très prononcé et ventru, sur la partie centrale de sa façade.
La courbe existe horizontalement et verticalement, notamment sur les montants, eux mêmes ornés de bronzes finements ciselés et servant de protections aux angles.
On appelle cela des « espagnolettes », ou bustes de femmes souriant, tournés vers la façade.
Le piétement quand à lui s’orne de têtes de lions feuillagés. On sent que le meuble se dégage petit à petit de la lourdeur du style LS XIV malgré l’utilisation encore abondante des bronzes décoratifs.
La mise en place a l’atelier, va permettre un premier nettoyage des parties cachées et surprise, de faire apparaître l’estampille tant « réclamée », sous la forme d’une frappe de louis Delaitre reçu maître en 1742.
La restauration qui s’en est suivie va reprendre toutes les étapes de la conservation, c’est à dire la remise en état des placages, ici du bois de violette, le rebouchage, le ponçage, la mise en teinte et la finition, touche finale, par un vernis au tampon traditionnel qui d’un coup fera revivre pleinement ce meuble.
A ne pas oublier, sa parure en bronze, dorure au mercure a l’époque, qu’il a fallu réactiver malgré une usure intemporelle.
Sa remise en place, marbre en brèche d’Alep nettoyé et patiné à la cire, a immédiatement justifié sa présence incontournable.